Armandito, c’est le guide. Il a une quarantaine d’années et il est musicien. Passionné par tout ce qui tourne autour de la musique et la danse de sa ville (Santiago de Cuba) et de sa région.

Chaque balade que nous avons faite avec Armandito dans les quartiers musicaux de Santiago a été l’occasion de rencontres et de découvertes. Telle Zaïda, la vieille trovera, la dernière encore en activité et qui chante ses sérénades avec sa voix fluette, presque brisée, des chants qui remontent aux origines de l’abolition de l’esclavage, avec comme seul instrument dans les mains, deux courts bâtons qu’elle entrechoque en cadence : les claves.

Armandito est lui-même interprète. Il joue d’habitude de la contrebasse et mène son groupe Los Guanches avec une véritable envie de mettre de l’ambiance dans sa ville les jours de carnaval et de diffuser les incunables du son santiagüero de par le monde.
Il est représentatif de la nouvelle génération. Celle sur qui les vieux papis de la Trova et du Changüy de Guantanamo peuvent compter pour perpétuer leurs musiques.
Armandito, c’est l’expression d’un choix. On peut imaginer qu’à son âge, avec son entrain et son talent, son intelligence aussi, il aurait pu choisir le départ et l’exil. Bref, des jours plus doux à Miami ou ailleurs. Il est resté. Pas vraiment pour des convictions politiques, mais plutôt parce qu’il aime sa ville et, dans cette ville, ses potes musiciens et, dans son quartier musical, ses voisins et sa famille qui vit tout entière dans la même grande maison. C’est un choix et ce genre de choix, bien des artistes cubains l’ont fait comme lui. C’est un cubain ordinaire : drôle, affable, disponible, enthousiaste et paillard comme tous les Cubains.
«On n’a pas beaucoup de moyens ou juste les moyens du bord, alors inventons des instruments pour l’usage exact que l’on en attend. Tout est à inventer et inventer, c’est vivre à Cuba.»